Le
toponyme Cohade est formé du radical "col" d'origine obscure,
que l'on peut supposer gaulois ou, tout au moins, utilisé à
l'époque gauloise. Le sens est peu précis. Il s'agit vraisemblablement
d'un lieu humide ou terrain détrempé par l'eau.
Ce toponyme apparaît pour la première
fois dans le Cartulaire de Brioude (n°331). Le 26 Février
1011, PONS, comte de GEVAUDAN et de FOREZ, donne au Chapitre Saint-Julien
de Brioude, l'église de Langeac, celle de Faveyrolles en Gévaudan,
et la Villa de Cohade sise dans la vicairie de Brioude.
Selon l'organisation carolingienne, Cohade est alors une Villa,
c'est-à-dire une subdivision fiscale, comprise dans la vicairie
de Brioude, le comté d'Auvergne et la province d'Aquitaine première,
dont la capitale est Bourges.
Le domaine de Cohade restera alors dans
le Chapitre de Brioude pendant des siècles.
En 1601 on trouve pour la première
fois dans le Terrier du Chapitre de Brioude le nom "COADE", sous une appellation
proche de celle qu'elle est aujourd'hui.
Jusqu'à
la fin du XVIIIe siècle, il n'y eut pas d'église à
Cohade. Les habitants dépendaient de la paroisse St Ferréol
de Brioude, établie hors des murs de la ville près de la
fontaine Saint-Julien (cf. photo), fontaine miraculeuse où, selon
la légende, aurait été lavée la tête
de Saint-Julien après son martyre en 304. Cependant lorsque Jean
DELCHER devint le curé de St Ferréol, entre 1757 et 1769,
le siège paroissial fut transféré au village de Cohade
qui prit alors le nom de Saint-Ferréol-de-Cohade. Une église
fut alors construite en 1780. A la fin du Moyen-Age, le village de Cohade
aurait semble-t-il reçu une fortification, d'après les archives
départementales (P. Cubizolles émet cependant des doûtes
sur cette affirmation). L'église aurait alors été
adossée, sur un de ses côtés, à un fort paroissial
dont il reste semble-t-il encore de nos jours une tourelle ronde, découronnée,
talutée en bas, à pan coupé du côté intérieur.
Prenons le temps de résumer succintement
le parcours de St Julien, étroitement lié à celui
de St Ferréol. En l'an 304, pour fuir les persécutions contre
les chrétiens déclanchées par Dioclétien, il
quitte sa garnison de Vienne (Rhône) pour aller en Arverne. D'après
la Passion de St Julien, Julien est arrêté. A Vinicella, près
d'une source, Julien est décapité. Ses bourreaux emportent
sa tête, après l'avoir lavée, à Vienne où
ils la présentent à Saint Ferréol, qui se livrera
à son tour.
Quelques mois plus tard, une dame espagnole
se recueille sur le tombeau de St Julien. Elle fait le voeux de construire
un oratoire sur le tombeau si son mari prisonnier à Trèves
est libéré. Ce qui fut le cas. Ce fut le début de
la construction de la Basilique St Julien, objet de pélerinage.
Brioude, avec sa basilique, fut un des plus importants lieux de pélerinage
de l'époque, après Tours.
Vers 431, Saint-Germain d'Auxerre, de
passage à Brioude, suite à une nuit de prière, arrête
la date de la commémoration du martyre au 28 Août.
Au
Moyen-Age, avant 1307, le célèbre ORDRE
DU TEMPLE possédait au Nord-Est de Cohade, près de
l'Allier, une commanderie appelée "LE CHAMBON" composée d'une
chapelle, de terres, de pâturages et semble-t-il d'un monastère.
On a conservé la trace d'un accord de Février 1228 passé
entre les Templiers et le Chapitre de Brioude pour ce domaine du Chambon.
Un document du XVIe siècle précise qu'existait alors : "une
chapelle sous le double vocable de St Jean Baptiste et de St Georges,
toute peinte et escartelée à carreaux de couleurs jaunes,
rouges et noires". D' une superficie évaluée à 40
m2, la chapelle était voûtée sur 2 arcades et éclairée
par 2 fenêtres situées au-dessus de l'autel.
Lorsque l'Ordre du Temple fut supprimé
en 1307 ses biens furent dévolus jusqu'à la Révolution
à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. Les
Chevaliers de Rhodes et de Malte, dont la mission était le soin
des pèlerins et des malades, furent les successeurs des Templiers.
Ensuite l'ensemble du domaine du CHAMBON fut vendu comme bien national
en l'an II. Le domaine fut affermé le 8 Mars 1749 à Mr Jean
Delcher, bourgeois de Brioude. La chapelle subsistait encore au XVIIIe
siècle et figure sur la carte des célèbres géomètres
Cassini sous le nom de St Jean. La chapelle a été détruite
au cours du XIXe siècle mais il resterait des fondations et quelques
vestiges enfouis au lieu dit "L'église du chambon".
Une légende orale rapporte qu'un souterrain relierait l'église du Chambon au village d'Azerat. Nous produisons ci-dessous une esquisse fiction de la Commanderie du Chambon inspirée de textes d'archives de l'Almanache de Brioude - repris dans le numéro de l'année 1987 - (notamment texte d'un bail de 1511). Cette esquisse émane de Pierre Bayle, enseignant retraité ayant réalisé des monographies locales sur Vergongheon, Saint-Hilaire et autres lieux.
Le bénitier de la Chapelle aurait été semble-t-il retrouvé. Cela va faire l'objet d'approfondissements.
A
la
Révolution, le village prit le nom de Cohade au lieu de Saint-Ferréol-de-Cohade.
A noter que lors de la Révolution, un enfant de Cohade, Antoine
Rongier (1750-1807), né à Flageac (lieu-dit de la commune)
dans une famille de fermier, fut élu député à
la Convention où il vota la mort de Louis XVI. Il fut le premier
maire de la commune de 1799 à 1807.
Différentes
légendes sont transmises de génération en génération.
Citons en une qui reste encore vivace aujourd'hui. Elle concerne sainte
Bonnette, vénérée en Brivadois comme une gardeuse
d'oies, née à Alevier. Elle aurait consacré sa vie
au culte de saint-Julien de Brioude. La date de son existence est imprécise.
Vers 1650, une reconnaissance officielle de reliques de sainte Bonnette
conservées dans une châsse en la basilique saint-Julien de
Brioude, fit apparaître les restes d'une jeune fille. La légende
est la suivante. Sainte Bonnette partait un jour à la messe de Saint-Ferréol-de-Cohade.
Elle devait traverser l'Allier et, comme elle était fatiguée,
elle s'arma d'un échalas pris dans une vigne. Mais cette fois, contrairement
à son habitude, l'Allier ne s'ouvrit pas afin de la laisser passer.
Celle-ci comprit. Elle reporta l'échalas dans la vigne annulant
ainsi son larcin. Aussitôt, l'Allier fendit ses eaux et sainte Bonnette
put franchir la rivière sans encombre.
D'après des éléments issus des Archives départementales, de celles de la mairie de Cohade et d'autres éléments extraits de l'article "Brioude des origines à la Révolution" de P. Cubizolles paru dans l'Almanach de Brioude en 2000, avec la participation active de l'auteur que nous remercions.
Pour en savoir plus, il est conseillé
de parcourir les ouvrages suivant:
. Cartulaire de Brioude, publié
par H. Doniol, Clermont-Ferrand, 1860, et M. Baudot, Clermont-Ferrand,
1935
. Le noble Chapitre Saint-Julien de Brioude,
de P. Cubizolles, Aurillac, 1980
. Saint-Julien de Brioude, martyr, de
P. Cubizolles, Brioude, 1987
. Toute la collection de l'Almanach de
Brioude, de 1920 à 2001 et suivant.
L'histoire
de Cohade est aussi marquée par l'Allier, le plus long affluent
(410 Km) du plus long fleuve de France : la Loire (1010 Km). Elle prend
sa source en Lozère à Chateauneuf-de-Randon, soit à
près de 30 Km du Mont Gerbier des Joncs (1551m), source de la Loire.
L'Allier tire son nom du latin "Elaver" qui signifie "cours d'eau aux rives
boisées" mais aussi "cours d'eau servant au flottage des bois" ce
qui a correspondu longtemps à l'utilisation faite de l'Allier comme
instrument pour véhiculer des bois ou des barges de marchandises.
Cohade a souvent subi les inondations de
l'Allier, gonflée par les eaux de pluie ou d'orage. Ces crues ont
été répertoriées depuis le XVIIIe siècle
et elles furent nombreuses : 1732, 1735, 1745, 1846, 1866, 1875, 1900,
1907, 1910… Malgré la construction d'une nouvelle digue dans le
premier quart du Xxe siècle, cela n'empêcha pas les crues
suivantes : 1933, 1941, 1944 …
"La crue de 1866 laissa de tristes souvenirs
puisque 18 maisons s'affaissèrent" nous rapporte A. Job, instituteur
en 1899 ('"Monographie de la commune de Cohade" manuscrit conservé
à l'Ecole).
Cela a conduit divers Cohadoux à
se déplacer sur les hauteurs du lieu-dit "Largelier" (au Large de
l'Allier). Cela a aussi entretenu une légende : celle de la sirène
Cohalda, connue des anciens. (Cette légende nous a été
confirmée par quelques personnes du village dont notamment G. Baguet
qui la tenait de ses ascendants). La légende est la suivante.